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Plastico: un documentaire et un film musical.
18 février 2013

Quelle musique?

Il m’est difficile de parler de musique, de trouver les mots exacts pour décrire des intentions musicales.

Après beaucoup d’hésitations, j’ai choisi de ne pas faire dans le multiculturel, dans le style « fusion », qui pourtant s’avère tentant à propos de cette région métissée. Parce que, par exemple, l’évocation de la tradition arabe ou des musiques locales risque de susciter quelque chose d’immédiatement reconnaissable chez le spectateur, un cliché touristique, du plastique mort. Parce que, immédiatement, la signification du film risque d'être réduite à cela : la confrontation, pacifique ou pas, de deux civilisations. Il ne s'agit pas de se référer à une quelconque tradition pré-moderne, mais de chercher un contemporain qui vise à l’universel, avec ses harmonies ou dissonances, son minimalisme ou son lyrisme, pour exprimer un questionnement du présent et ne pas se complaire dans une vaine opposition entre « paradis perdu » et présent maudit. Il ne s’agit pas d’opposer la tradition idéalisée à un présent destructeur, mais de mettre en dialectique des images de survivance et un présent qui s’interroge sur lui-même (à travers moi, grand consommateur de tomates).

Après de nombreuses rencontres sans succès, la cinéaste Caroline Strubbe (Lost Persons Area) m'a mis en contact avec le compositeur de la musique de ses films, le Hongrois Albert Markos, dont la sensibilité ouverte, curieuse, s'est vite mise au diapason du projet. Il a aussi récemment mis en musique une série de sonnets de Shakespeare, La Peste de Camus, des textes de Milosz... Outre Lost Persons Area, il a aussi composé la musique du film Taxidermia. Lui aussi est très intéressé par le travail in situ, l'intégration des bruits éventuels (oiseaux, passage d'un véhicule, vent, ...) dans la composition. Avec Albert, nous avons creusé un peu les intentions musicales et avons abouti à une question intéressante : quel est le lien entre la perspective apparue en peinture à la Renaissance (et telle qu’elle est reprise par la caméra), le principe de tonalité apparu en musique à la même époque, sauf erreur de ma part, et les débuts simultanés d’une prise de possession et exploitation de plus en plus intense du paysage ? Et, dans Plastico, que faire de ce lien s’il existe ? Par rapport à l’exploitation moderne de la terre, que seront mes images, que sera la musique ? Comment faire pour que la musique interroge sa propre position comme j’interroge la mienne ? Nous essayons de trouver des réponses.

 

Markos_Albert_1967

Un exemple extrait de Lost Persons Area: http://www.commeaucinema.com/bandes-annonces/albert-markos,150144

Et Albert sur MySpace: http://www.myspace.com/albertmarkos/music/songs/lpa-3-20-9-lmp3-50832879

Interview en anglais: http://www.secret-areas.com/content/interviewee/albert-m%C3%A1rkos

Albert, violoncelliste, m’a proposé de travailler avec une jeune chanteuse hongroise qui étudie en ce moment au Conservatoire de musique à Bruxelles avec David Linx: Veronika Harcsa, célèbre interprète de jazz, pop alternative et musique contemporaine dans son pays, et dont la voix peut se faire parfois fragile et parfois forte. Veronika a aussi chanté les grands poètes hongrois. Elle a aussi son propre groupe de pop alternative : Bin-Jip.

Veronika chantera ce jeudi 28 février à l'Institut Balassi (Institut hongrois) à Bruxelles, 10 rue Treurenberg (près de la Gare centrale)!

 

Harcsa_Veronika3_foto_Glodi_Balazs

Pour quelques clips, cliquez sur ce lien: http://harcsaveronika.hu/#/en/videos/

Interview en anglais: http://www.secret-areas.com/content/interviewee/veronika-harcsa

Les liens proposés ci-dessus ne permettent sans doute pas d'imaginer les compositions de cette sorte de Sprechgesang, de "parlé-chanté" ou d’oratorio contemporain mêlant balade, dissonances, parole, ... auxquelles nous travaillons en ce moment! :-) A Bruxelles, Veronika et moi avons travaillé sur les significations et intentions des fragments poétiques. Lorsqu’elle rentre à Budapest, nous travaillons à trois avec Albert par télé-conférence. C’est très émouvant d’entendre ses propres mots mis en musique et chantés avec sensibilité et intelligence. Quel cadeau ! Je ne suis pas très mélomane et me voilà entraîné dans une belle aventure !

Le couple des antiques potiers où Angel parle et Loli peint trouve ainsi un écho inversé dans celui de Veronika qui chante et d’Albert qui l'accompagne musicalement. En mars, les fragments chantés devront donc être filmés sur place, dans les lieux déjà parcourus avec ma caméra, in situ, afin de retrouver la même végétation, les mêmes tons, la même lumière printaniers. Se pose aussi la question du comment : comment filmer, cadrer Veronika et Albert sans tomber dans le spectacle, la retransmission d’un concert, le clip, etc... Quelle est l’importance du visage d’une chanteuse dans un film comme celui-ci ?

... et une troisième texture est venue s'ajouter à ces deux premières...

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Plastico: un documentaire et un film musical.
  • Se couvrant de serres de plastique, cette région d'Andalousie oublie son passé, et est la proie d'un désastre écologique et d'une crise culturelle: tout devient surface. Mais il s'agit peut-être d'une crise européenne.
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